Dette publique en Afrique : entre nécessité de financement et risques de surendettement
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Pour de nombreux pays africains, la dette publique est un outil indispensable pour financer le développement. Routes, hôpitaux, écoles, accès à l’électricité ou à l’eau potable : autant de secteurs qui exigent des investissements massifs que les recettes publiques seules ne permettent pas de couvrir. Pourtant, si la dette peut être un levier de croissance, elle peut aussi devenir un piège lorsqu’elle n’est pas maîtrisée. L’Afrique se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins entre besoin de financement et risque de surendettement..

Un recours croissant à la dette

Depuis les années 2000, les pays africains ont eu un accès plus large aux marchés financiers internationaux. La baisse des taux d’intérêt mondiaux, la demande croissante pour des obligations souveraines à haut rendement et l’optimisme autour du « décollage africain » ont favorisé l’endettement. De nombreux pays ont ainsi émis des eurobonds ou contracté des emprunts bilatéraux pour financer leurs projets d’infrastructure.

La pandémie de Covid-19, puis les chocs liés à la guerre en Ukraine et à l’inflation mondiale, ont accentué cette tendance. Face à la baisse des recettes fiscales et à l’augmentation des dépenses sociales et sanitaires, les gouvernements ont davantage emprunté pour faire face à l’urgence.

La dette n’est pas forcément mauvaise. Tout dépend de son usage, de sa transparence et de la capacité du pays à en tirer un rendement productif.

 

Ce n’est pas la dette en soi qui est dangereuse, c’est le mauvais usage qu’on en fait.

_Marcus Aurelius_

Entre discipline budgétaire et souveraineté financière

La solution ne réside pas nécessairement dans un rejet de l’endettement, mais dans une gestion prudente et stratégique de la dette. Il s’agit de s’assurer que les emprunts sont consacrés à des projets productifs, capables de générer des revenus futurs ou de stimuler la croissance.

De nombreux économistes plaident également pour une meilleure transparence de la dette (notamment envers les créanciers privés), ainsi qu’un renforcement des capacités nationales en matière de gestion budgétaire. Certains pays explorent aussi des alternatives comme les partenariats public-privé ou le recours à la finance verte

Et le rôle de la communauté internationale ?

La question de la dette africaine ne peut être traitée sans une réflexion globale. Les appels à un réaménagement de la dette, voire à des annulations ciblées, se multiplient. Les institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, ont mis en place des mécanismes temporaires (comme l’Initiative de suspension du service de la dette), mais ils restent limités.

Une réforme de l’architecture financière mondiale est donc indispensable, afin de donner aux pays africains plus d’espace budgétaire sans les enfermer dans une dépendance chronique aux prêts extérieurs.

 

La dette n’est pas une fatalité, mais son efficacité dépend de sa gestion. Bien utilisée, elle peut propulser les économies africaines vers une croissance inclusive. Mal gérée, elle risque de compromettre la souveraineté budgétaire et d’alourdir la pauvreté. Trouver l’équilibre entre investissement nécessaire et prudence financière est aujourd’hui un impératif stratégique pour l’Afrique.

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