Dette publique en Afrique : jusqu’où peut-on aller sans compromettre l’avenir ?
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La dette publique est devenue l’un des sujets les plus sensibles sur le continent africain. Alors que plusieurs pays cherchent à financer leur développement à travers des emprunts extérieurs et intérieurs, les niveaux d’endettement atteignent désormais des seuils préoccupants. La question centrale reste : cette dette est-elle soutenable ? Et surtout, est-elle utilisée de manière productive ?

Depuis la pandémie de COVID-19, les niveaux d’endettement des pays africains ont explosé. Pour faire face aux besoins sanitaires et sociaux, de nombreux États ont contracté des prêts d’urgence. Résultat : selon la Banque africaine de développement (BAD), plus de 25 pays africains dépassent désormais le seuil de 60 % de dette par rapport à leur PIB, considéré comme un niveau d’alerte.

Des pays comme le Ghana, l’Éthiopie, la Zambie ou encore la Tunisie ont du mal à faire face à leurs échéances. Certains ont même été contraints de restructurer leur dette, voire de déclarer un défaut de paiement, comme la Zambie en 2020. Ces situations mettent en lumière la fragilité des finances publiques africaines.

Dette utile ou dette toxique ?

Il ne suffit pas d’évaluer la dette en fonction de son volume. La qualité de l’investissement financé est essentielle. Une dette contractée pour construire des infrastructures de transport, des écoles ou des hôpitaux est différente d’une dette servant à couvrir des déficits budgétaires chroniques.

Le problème dans plusieurs pays est que l’efficacité de la dépense publique reste faible. Une grande partie des fonds empruntés est absorbée par des dépenses courantes ou des projets mal planifiés, au lieu d’investissements porteurs de croissance. Cela aggrave la vulnérabilité budgétaire et laisse peu de marge pour rembourser les créanciers.

 

Le problème n’est pas la dette, mais ce que l’on en fait. Une bonne dette peut libérer l’avenir, une mauvaise dette peut l’hypothéquer.

_Ngozi Okonjo-Iweala_

Autre difficulté : les conditions de prêt ont changé. Alors que l’Afrique bénéficiait encore récemment de taux faibles sur les marchés internationaux, la remontée des taux directeurs dans les pays du Nord (notamment les États-Unis et la zone euro) a renchéri le coût des emprunts. Pour les pays africains, cela signifie des remboursements plus élevés et des pressions accrues sur leurs devises.

 

Certains pays se tournent alors vers des prêteurs non traditionnels comme la Chine, mais ces prêts manquent parfois de transparence et s’accompagnent de conditions complexes. Par ailleurs, la dépendance aux ressources naturelles pour rembourser la dette expose les économies africaines à une forte volatilité.

La dette publique n’est pas en soi une mauvaise chose. Elle peut être un moteur de croissance, si elle est bien utilisée. L’enjeu est donc d’atteindre un équilibre entre financement du développement et viabilité budgétaire. À long terme, ce sont la gouvernance économique, la diversification des revenus et la lutte contre la corruption qui détermineront si la dette africaine reste un levier ou devient un fardeau.

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