Les systèmes de santé africains ont longtemps été mis à l’épreuve, mais les crises successives – notamment la pandémie de Covid-19, les épidémies d’Ebola, la flambée de maladies infectieuses ou les conflits armés – ont brutalement mis en lumière leurs failles structurelles. Si certaines réponses ont démontré une résilience locale remarquable, ces événements ont aussi révélé à quel point les infrastructures sanitaires, les ressources humaines et les mécanismes de financement restent fragiles et inégalement répartis sur le continent.

Des systèmes sous-financés et inégalitaires

Dans de nombreux pays africains, les dépenses publiques de santé restent inférieures aux recommandations de l’OMS, avec une part du budget national souvent en dessous de 5 %. Cela se traduit par des établissements sous-équipés, un manque chronique de personnel qualifié, et un accès limité aux soins, surtout dans les zones rurales et enclavées.

L’accès à la santé est également marqué par de grandes inégalités sociales et géographiques. Alors que les capitales et centres urbains bénéficient parfois d’hôpitaux modernes, les populations rurales dépendent encore de centres de santé primaires rudimentaires, souvent sans médicaments ni personnel médical formé.

Renforcer la santé, c’est investir dans la résilience

Renforcer les systèmes de santé, ce n’est pas seulement une question de bien-être, c’est aussi un investissement stratégique pour le développement durable. Un système de santé robuste permet de mieux résister aux pandémies, de préserver la productivité économique et de renforcer la cohésion sociale.

Un enjeu de souveraineté sanitaire

La pandémie a aussi montré combien la souveraineté sanitaire est cruciale. Développer une industrie pharmaceutique locale, améliorer les systèmes d’information sanitaire, mutualiser les capacités au niveau régional (comme le fait l’Union africaine avec l’Agence africaine du médicament), sont autant de pistes pour construire un avenir plus autonome.

Les crises sanitaires, aussi douloureuses soient-elles, offrent l’opportunité de repenser les priorités. L’Afrique ne peut plus se contenter de réagir dans l’urgence. Il est temps de construire des systèmes de santé solides, inclusifs et résilients, capables de protéger les populations et de soutenir le développement.